Divini nanninannan
Mémoire du futur

J’appelle “urbanîle” toute île au Monde en prise avec la Ville, emprise par la Ville.
La forme toute féminine de ce néologisme s’articule à travers l’Histoire en une trinité de sens. ‟“Urbanîle” désigne en premier lieu « toute île (îlet, îlot, île-pays, île-nation, île État-nation, îlesarchipel, île-continent), toute île donc, urbanisée (en ce qu’elle réunit tous les caractères d’une ville), urbaine (en ce qu’elle s’oppose au rural, concrétisant par là même toutes les expériences de la ville), toute île disais-je, habituée, habitée, en rupture de Nature, surdéterminée, administrée à l’endroit intérieur et extérieur par une métropole » ; en second lieu « toute ville insulaire généralisée, toute ville globale, générique, dont la forme coïncide avec celle de l’île (île-ville, ville-île) » ; et en troisième lieu, « toute ville insulaire généralisée, toute île urbanisée, urbaine, imaginée ou de réalité, dont le mouvement chaotique, la dynamique administrative apparaissent insécuritaires, déshumanisant à tout-va, courant à toutes les catastrophes ».
« L’île est une ville : poétique de l’Urbanîle », in Les représentations sociales des îles dans les discours littéraires francophones, sous la direction de B. Malela, A. Rabsztyn et L. Rasoamanana, coll. Patrimoines, Paris, Les éditions du Cerf, 2018.