À PROPOS DE L’ARTISTE

JEAN-MICHEL LOUTOBY A CRÉÉ UN ART QUI LUI RESSEMBLE. UN ART ALLÈGRE & RYTHMÉ, QUI FAIT FI DES COMPLEXES & DE LA COMPLEXITÉ.

… nous choyions le murmure de la pierre  tincelante nous charmions la couresse qui ruse nous  levions des lieux hauts bord-de-ciel aux dieux de nos mains et de nos peurs nous faisions liturgie de crainte nos fl ches manquaient le Principe leurs empennes battant fol au vent voyant des eaux se couchaient  nos gloires aveugles mortes et acres et nous ne savions de nos disparitions rien que nous n’aurions pu r pudier.

Rosier

YORUBAKARAYIB

Démarrées des nuits fortes d’oubli,
revenues d’une présence immémoriale,
les traces du Royaume d’Oyo et celles du peuple Karayib,
sous le pinceau de
JEAN-MICHEL LOUTOBY,
s’entre-tissent, réapparues, surréelles, comme par un atavisme de mysticité.
Ici,
nulle poussée d’imagination, mais Révélations pures.
Ces mondes, revivant là,
plus vibrants de réalité que la trouvaille des artefacts muséaux.
L’œil du peintre est lumière espérituelle.
Il voit les connaissances.
Il connaît les visions.
Il est

Y
O
R
U
B
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K
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R
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B

ACAERA

ROSIER

dès le principela mer

/tátatobou/       /balànna/

calme-et-mesurée aux entours torturés vifs de l’île
/acaéra/
venant renouvelée comme le ciboire dominical
rendu à la lumière du mystérieux autel
/tacakêtába ánacri/
et la mer
forte du cantique de ses degrés
renvoyant au Ciel /cáhoüee/ une prétention de mer
et le ciel /oubécou/ tombant de son haut dans ses eaux
le ciel y incrustant la répétition de ses gallions aux nues tranquilles /allírou/
épointe pour elle l’appel éoliphane
le tout petit danser des lames subsumées à l’écume
haut
le soleil s’emporte dru
vaste belleté d’ardeur trop fabuleuse
allant même le saisissement
/cheu huèyou kay/
son feu propitiatoire accable l’ondoiement des gestes
absoudre ainsi la mer
état radieux d’innocence souveraine
et défaire à l’île la figure enjouée des noces primordiales
la virginité immémoriale de sa terre
le bien immérité des hommes
ces /arrouagues/ nus du précieux
qui imboivent leur présence d’un sang végétatif

car le là actuel est d’éternité révoltée
que le vent /bebéite/ à mi-drisse étale
comme l’huile démente-démesurée des infinies pirogues tutélaires /canáoa/

cette île où la lumière réhausse l’abondance
à la ressemblance légitime des dieux sursolaires
/cheméignum/
cette île faisant splendeur qui dure
antémémoire d’ailes gemmant d’argent et d’or
l’air courbe
aventureuse
plus lourdes
dans le balancer des heures
plus grises à tout coup
à la tombée hautement plus sombre

comme la matière reçoit la promesse du mouvement
et de curiosité
s’immobilise sur ce qu’il advient
la rivière /tóna/
toute à donner son lit d’ivresse
en belles faussetés d’étiage se réduit

nécessité aussi d’élucider la touffeur
agréments faits en hâte à l’esprit de la vieille roche
qui ne veut point lumière ni feu ni luminaires ni météores
qui-ne-veut-qui-désire qu’obscurité-ténèbres-nuit fermée
/tabourre ócátoni-boúrrêli-ioüaloumetaarou/
que le rituel soit l’imploration dérêvée
d’une anse à habiter
que le rituel soit l’exploration surréelle
de la cour ronde à vivre tous /bouellélebou/
que la forme défige l’indéfectible
que la roche sempiternelle exhume l’icône forte des profonds
pour elle qui ne sait
qui ne sent
dont le cœur-âme /ioüánni/ ne s’aveulit
à son basalte intime
une image bruitant les suées énigmatiques
rien qu’un signe ô
voire l’insignifiance
pourvu que /máboya/
dieu-tout-vouloir-tout-pouvoir /iouloúca/
manifeste l’orage-tempête-ouragan
/boíntara/
et ce nom
tout-vouloir-tout-pouvoir-ne-veut-mais-désire-tout-pouvoir-tout-vouloir
soumission de lune mouillée
ô éructé-rué battant ban de soufre
comme raclements inouïs enduis des enfers bleus-tréfonds /tourálli/

l’offrande incontentable du boire-manger consume
le pétun en aperture d’yeux apeure l’indigo des pupilles
et par des visions à l’inverse intérieur des ténébrités
/abiénroni/
réalités ne se séparent

incantation de l’oiseau-grand de rapine /biuéhûeri/
attisé le feu du sang
alors /máboya/ montre la pluie en belle allevasse
/lacoúyani conóboüi/
tout-disant
« c’est fourmis-chien /oulilhague/ multitude en gourmade »
incantation de l’oiseau-gros de terre /cóannê/
entonné le sang à même la langue du feu
/máboya/ montre encore la rivière en bel frotter furieux de roches
/acoloúloüa okóatou tóna/
tout-disant
« c’est exuvie-serpent-couresse /lehuechoura/ mordre mol »

incantation de l’oiseau-flèche de mer /ialíppou/
exaucer le sang en point suprême d’ignition
et /máboya/ montre la montagne en bel baille-ébouler-descendre
/tácouloutoni oüébo/
tout-disant
« c’est lamantin-tortue-de-terre /manattoüi-oüayámun/
barre d’eau douce »

régissant encore le débat des foudres il dit
dans l’immuable
gravant la sombreur à verse de sa parole en signes de silence
à cause que sorcier cannibale /kabiénracátiti/ regarde ne voit

sorcier radical en corps pris pour révéler
tant suscite aux hommes
le manioc muet des habiletés honteuses
le vin fétide des inquiétudes solennelles
le danser échevelé des épouvantements
le récit sacré à l’évader du vertige
le rire en éclater de jurements comminatoires
la calamité teintée bleue de basses frayeurs
et toutes ces mains palpitantes qui verbalisent l’espérer-vivre comme agouti pendu en expectation de boucanage et par le temps rouge désormais trace inépuisable moque l’heure subite de l’oiseau-beau-soleil /tihuéyouti toúnou- lou/ dont le chatoiement primaire se crispe à la célérité acuminée d’un aguet vénéneux /tiboúcoulou bouléoüa/

toutes ces mains là encore
à dégrader l’ordinaire mythique
mornes-montagnes-jardins /oüébo raheu-icháli-oüébo-máina/
à fouir le secret physique à force véritable de verges angulaires comme pour ravir à la perdition sa suffisance de pain
ces mains toutes à relever les maturités déchues
fors celles blessées-meurtries
que l’animal les heures
rebuteraient naturellement à la corruption
si la panse de porc /chápou/ ne les avait rachetées
ces mains aussi à cueillir au lever de tête les maturités juchées d’appétition comme toutes les maturités tenues en lisière de verdeur

et ces pieds à faire effort contre la pièce de bois forte de nage
prompte à tout fendre
la contre-manœuvre des sables
la contre-poussée des lames
la contre-fuite des vents
le contre-élan des peurs
ces pieds fermes à la vare ou pêcheur d’expédience ou plongeur qui ne renoncent à défaire le naturel des courants ces pieds qui s’en reviennent presque en tous jours et nuits choyant la mémoire des morts /neketalicou/ vus en marche ondulante sur la route de mer /kiénouli/
ces empreintes et la trace affilée du bois
dans l’éphémère apparues dans l’éphémère disparues
sont filiation éternelle

poissons de la mer /tícali balánna/
animaux de la terre /tícali arábou/
de leurs vivacités révolues ne monte qu’une fumée blanche des forces affriolantes du piment /áti/ et du bois d’Inde /achoúrou/
leur chair a été bellement tuée
leur sang enfle le gaïac vénérable /mánlira/
la barre maîtresse du gouvernail /tichic ichimónoni/
le faîtage en œil superbe du carbet /táboulougou ínnobonê/
l’arbre à l’arc /báira oulaba/ opulence de la terre ferme /balloüe/
la flèche-queue-de-raie-dentelée /chibárali/ imbue-de-lait-funeste /balaóboucourou/
la massue-casse-tête /iboútoulou-iamanlitanum/ trois-capitaines
l’ara cosmique-voyageur-d’outre-là /kínoulou/